Le breton et le gallo reconnus comme « langues
de la Bretagne »
Rennes, 17 décembre 2004 - Le
conseil régional de Bretagne a officiellement reconnu vendredi
à l'unanimité le breton et le gallo comme « langues
de la Bretagne », « au côté de
la langue française », dans le cadre d'un plan
en faveur du bilinguisme en Bretagne pour sauver les langues régionales.
Présenté jeudi en session plénière par
Jean-Pierre Thomin, président de la commission culture, ce
plan fait suite à la volonté affichée par la
nouvelle assemblée, à majorité de gauche (PS,
PCF, PRG, Verts et autonomistes), de défendre et renforcer
la langue bretonne. Par ce plan, la région «s'engage,
en recherchant la plus large association de ses partenaires, et
en particulier des cinq départements bretons (NDLR: les 4 départements
de la Bretagne administrative et la Loire-Atlantique), afin de permettre
la pérennisation de la langue et de la culture bretonnes ».
Une grande part du projet concerne surtout le breton, même
si le gallo est intégré dans le projet, comme « langue
romane spécifique à la Bretagne » et « faisant
partie au même titre que le breton de son patrimoine culturel ».
Le gallo, ensemble de patois dont le nombre de locuteurs est inconnu,
souffre en effet « d'un manque de visibilité dans
la société bretonne actuelle », concède
Jean-Pierre Thomin. Le conseil régional a par ailleurs demandé
« la ratification de la Charte européenne des
langues régionales et minoritaires », regrettant
que « l'Union européenne, dont la France, exige
cette ratification pour les pays candidats à l'adhésion,
alors que la France s'est toujours refusée à le faire ».
« Il y a urgence à intervenir. Le breton a été
classé par l'Unesco comme langue en danger sérieux
d'extinction », souligne Jean-Pierre Thomin. Mais la
situation est contrastée. Si la connaissance et la pratique
de la langue sont en déclin -- 300 000 locuteurs,
dont 64 % ont plus de 60 ans --, le nombre d'enfants
en filières bilingues est en progression de 10 % par
an, avec 9 700 élèves recensés en 2004
dans les cinq départements Si des progrès ont
été faits en matière de bilinguisme dans la
signalisation routière, l'offre de breton dans l'enseignement,
la vie sociale et les médias reste très faible, analyse
la région.
« Réalité historique et
culturelle »
Parmi les propositions, qui n'ont pas été
chiffrées, la priorité est donnée à
la formation et à la transmission de la langue. La région
envisage la formation de 150 enseignants par an, et espère
atteindre 20 000 élèves dans les filières
bilingues en 2010, «un objectif ambitieux mais réaliste»,
a assuré le président du conseil régional,
Jean-Yves Le Drian (PS). La région se propose également
d'attribuer des dotations aux lycées dispensant des cours
de breton ou gallo, soutenir l'association Diwan qui gère
des écoles en breton, renforcer la formation des adultes,
stimuler la transmission familiale et développer le breton
dans le monde du travail, la vie sociale et publique, ainsi que
dans les médias (avec notamment la création d'une
télévision régionale bilingue). Le conseil
régional souhaite également encourager la création
culturelle en breton et en gallo dans l'édition, le théâtre
et le chant. « C'est une décision historique.
Merci, au nom de ceux qui ont vécu dans la honte de parler
breton ou gallo, et qui sont aujourd'hui réhabilités »,
a déclaré Naig Le Gars, conseillère régionale
UDB (Union démocratique bretonne, gauche autonomiste).
Le président du conseil général de la Loire-Atlantique,
Patrick Mareschal (PS), s'est également déclaré
satisfait. « C'est l'histoire qui est ainsi faite et
de tous temps la Loire-Atlantique a fait partie de la Bretagne,
personne ne lui conteste cette réalité historique
et culturelle », a-t-il fait valoir.
La Bretagne à cinq départements
: une vieille revendication
Rennes, 17 décembre 2004 - La
réunification de la Bretagne à cinq départements
(constituée par les 4 départements de l'actuelle région
administrative et la Loire-Atlantique, rattachée aux Pays
de la Loire), est une revendication récurrente des militants
de l'identité bretonne. La Loire-Inférieure avait
été séparée du reste de la région
le 30 juin 1941 par un décret du maréchal Pétain.
Les militants nient toute légitimité historique et
culturelle du rattachement de la Loire-Atlantique à la région
Pays de la Loire, évoquant en comparaison une unité
géographique, linguistique et culturelle avec la Bretagne.
Une région Bretagne à cinq départements permettrait
de mettre en valeur le potentiel économique breton et garantirait
à tous les Bretons un égal accès à la
notoriété de la Bretagne et à sa culture, ce
qui n'est pas le cas actuellement pour les 1 300 000 habitants
de la Loire-Atlantique, souligne Bretagne réunie, association
qui fédère notamment 48 associations culturelles
et des entreprises. Selon un sondage Ifop - Ouest-France
de juillet 2002, 75 % des habitants dela Loire-Atlantique interrogés
se disaient pour le rattachement à la Bretagne, contre 16 %
hostiles à cette perspective. Mais, un an plus tard, une
autre étude faisait apparaître que seuls 29 %
de la population de ce département étaient en faveur
d'une réunification, 36 % préférant la
constitution d'une « nouvelle région Ouest ».
La réunification a le soutien du nouveau président
du conseil général de Loire-Atlantique, Patrick Mareschal (PS),
qui milite de longue date pour cette cause. De son côté,
le conseil régional de Bretagne, très favorable à
cette réunification, avait déjà voté
le 8 octobre 2004 à l'unanimité une résolution
relative au processus de réunification. Ce projet rencontre
l'hostilité du président de la région des Pays
de la Loire, Jacques Auxiette (PS), élu de Vendée,
qui a évoqué dans la presse « une annexion »
par la Bretagne.
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