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L'affaire Diwan (2)
«L'avenir de l'enseignement des langues régionales passe par un changement de Constitution» TROIS QUESTIONS A David Grosclaude, président de l'Institut des études occitanes PARIS, 12 nov 2001-L'avenir de l'enseignement des langues régionales, mis à mal par la suspension de l'intégration des écoles bilingues bretonnes Diwan dans le service public, passe par un changement de la Constitution, estime David Grosclaude, président de l'Institut des études occitanes à Toulouse, qui regroupe 32 associations départementales et fédère le mouvement culturel en Occitanie. Q: Pensez-vous que l'enseignement des langues régionales à l'école est menacé par la décision du Conseil d'Etat de suspendre l'intégration de Diwan, qui pratique le principe d'immersion linguistique, contesté par les mouvements laïques ?R: L'arrêt du Conseil d'Etat ne nous étonne pas, nous nous y attendions. Cela fait dix ans que l'article 2 de la Constitution, qui stipule que la langue officielle en France est le français, sert de base à tout refus d'avancée sur les langues régionales, et cela fait dix ans que nous demandons qu'il soit modifié afin que la République reconnaisse aussi l'existence des langues régionales. Cet article 2, qui donne une interprétation archaïque d'un certain nombre de principes républicains, date de 1992 et du traité de Maastricht. A l'époque, nous avions averti un certain nombre de députés qu'il constituait un danger pour les langues régionales, et on ne nous a pas crus. Q: Seriez-vous prêt à engager des discussions avec l'Education nationale pour envisager l'intégration d'écoles occitanes, sur le schéma de Diwan ?R: Non, nous savons qu'aucune avancée n'est possible à législation constante. Une République moderne doit reconnaître la diversité et le droit de chacun à la développer, plutôt que de prêcher pour une uniformisation à outrance. Q: Qu'allez-vous demander aux candidats à l'élection présidentielle?R: Nous allons mettre en avant ces points, et nous souhaitons aussi obtenir une vraie reconnaissance internationale des langues régionales. La Charte européenne des langues régionales n'a pas été ratifiée par la France, à cause de la Constitution. Depuis, nous avons eu des promesses et rien n'a été tenu. Le 14 juillet 1999, Jacques Chirac a dit qu'il ferait quelque chose pour que la Charte européenne soit remplacée par un texte ou une loi, et rien n'a été fait. L'affaire Diwan creuse le fossé Par Isabel MALSANG 12 nov 2001-L'affaire des écoles bretonnes bilingues Diwan, dont l'intégration au sein du service public d'éducation a été bloquée par le Conseil d'Etat saisi par des mouvements laïques, accentue le fossé entre souverainistes et européens, à quelques mois de l'élection présidentielle. «Nous regrettons que la laïcité se pare d'atours qui ressemblent plutôt à la vieille garde républicaine», déclare Thierry Delobel, président de la fédération pour les langues régionales dans l'enseignement public et de l'association IKAS-BI, de parents d'élèves du pays basque pour le bilinguisme. «Chez une certaine gauche, il y a la défense d'une idéologie souverainiste et nationaliste, qui est aussi une idéologie d'enfermement et de peur par rapport à l'Europe (..), alors qu'il est évident que la diversité culturelle est une question de démocratie, c'est un enjeu important pour l'humanité», renchérit Tangi Louarn, un Breton qui préside l'association «pour que vivent nos langues». Le recours en Conseil d'Etat contre l'intégration des écoles Diwan dans le service public a été déposé par des syndicats d'enseignants, de parents d'élèves ou des mouvements éducatifs, qui tous se réclament de gauche (UNSA, SNES, FCPE,..), au nom de l'unicité de la République. Se disant favorables à l'enseignement des langues régionales, ils sont opposés à la méthode utilisée par Diwan, basée sur l'immersion linguistique. Dans ces écoles, où sont scolarisés 2.613 enfants, le breton est parlé toute la journée dans la plupart des disciplines, mais aussi dans la cour de récréation, et s'efface progressivement en cours de scolarité devant le français. «Le français est une langue étrangère dans ces écoles», critique Eddy Khaldy, responsable du secteur laïcité-liberté au sein de l'UNSA. Pour lui, l'opération Diwan «n'est pas une intégration d'une école dans le service public, mais un dédoublement du service public», avec d'un côté des établissements «normaux» et de l'autre, des établissements «langues régionales», «qui font l'objet de mesures particulières pour les nominations d'enseignants». «Si on fait éclater le service public en plusieurs services publics sur la base d'une appartenance linguistique ou religieuse, on débouche sur le communautarisme, et c'est la fin de la laïcité républicaine», ajoute-t-il. Fondée sur l'exploitation précoce des potentiels de l'oreille musicale des enfants, la technique d'immersion des écoles Diwan est pourtant reconnue par la plupart des linguistes. Elle contribue à faire apprendre sans peine une deuxième langue, alors que l'apprentissage plus tardif, comme dans le système scolaire classique, est plus difficile. Dans les évaluations nationales, menées à l'entrée en sixième, les élèves issus de ces écoles «ont de meilleurs résultats que la moyenne nationale en maths, mais aussi en français», assure M. Delobel. Au ministère de l'Education nationale, on reconnaît qu'on «s'attendait» à un recours des mouvements laïques, mais on admet à demi-mots avoir été pris de court par la décision du Conseil d'Etat. «Maintenant, elle s'impose et nous devons travailler à clarifier les choses, et trouver des modalités pour une intégration des écoles Diwan», dit-on dans l'entourage du ministre. Jack Lang, très critiqué par Jean-Pierre Chevènement et d'autres responsables politiques de la gauche républicaine, affiche sa détermination à poursuivre son combat en faveur des langues régionales, qu'il compare à un «trésor» en danger, qui doit être «préservé» au nom de la diversité culturelle en Europe. Chevènement juge Jack Lang PARIS, 22 nov_2001 Le candidat à l'élection présidentielle Jean-Pierre Chevènement a rendu jeudi le ministre de l'éducation nationale Jack Lang responsable de l'échec de l'intégration des écoles bretonnes Diwan dans le service public. «La responsabilité de l'échec est celle du ministre qui savait pertinemment que sa décision (d'intégrer les écoles bilingues dans le service public, NDR) était anti-constitutionnelle», a déclaré M. Chevènement (MDC) lors d'une rencontre avec la presse dans le cadre du salon de l'éducation, qui a ouvert ses portes mercredi à Paris. «Lorsque j'étais ministre de l'éducation nationale en 1986 j'avais moi-même proposé le passage sous statut public des écoles Diwan, mais uniquement de celles qui pratiquent une méthode bilingue» basée sur 50% d'enseignement en français et 50% en breton, a-t-il dit. «Ce qui est en cause, c'est la classe d'immersion», où tout l'enseignement et la vie de la classe sont en breton, a-t-il ajouté. «Derrière tout cela, il y a une conception du monde qui veut absolument flatter les minorités. La complaisance n'a pas de limite, et cela dispense de s'intéresser à la cohésion d'ensemble du pays», a ajouté M. Chevènement, en regrettant notamment, qu'en matière de langues, l'allemand ne soit plus appris que par 9% des élèves. «On n'a jamais aussi peu appris l'allemand, alors que c'est la langue de la construction européenne» a-t-il déploré. Le conseil d'Etat a récemment suspendu l'intégration des écoles bilingues bretonnes Diwan dans le service public, engagée par le ministère, à la suite d'une plainte en référé déposée au nom de l'unicité de la République par des mouvements laïcs et des syndicats d'enseignants qui craignent que le français ne devienne une seconde langue. Les Bretons refusent que la langue bretonne RENNES, 23 nov 2001- La majorité des Bretons considère que la langue bretonne est un élément important de leur identité et souhaitent qu'elle soit enseignée à l'école, mais à condition qu'elle ne soit pas obligatoire, selon un sondage d'un institut britannique à paraître vendredi dans Ouest France. Sur 1.007 personnes interrogées résidant en Bretagne, 80,2% pensent que les enfants devraient pouvoir apprendre le breton à l'école s'ils le souhaitent, mais seules 7,2% estiment que cette enseignement devrait être obligatoire, selon ce sondage réalisé par l'institut gallois Efficience 3. La grande majorité (85%) considère la langue bretonne comme un pilier de l'identité régionale. Qu'ils soient bretonnants ou non, 74% des sondés voudraient que les associations bretonnantes reçoivent une aide publique, et 67% se prononcent pour une aide aux médias bretonnants. Mais, là encore, la plupart d'entre eux (57%) refusent que l'on forme davantage de bretonnants pour occuper des postes dans l'administration et la politique, et 54% s'opposent à ce que l'on réserve des emplois aux personnes bilingues. Seules 21% des personnes interrogées estiment par ailleurs que l'ensemble des décisions concernant le breton relève de la responsabilité du gouvernement, contre 53% qui pensent que ces décisions concernent le conseil régional. Si la revendication culturelle et identitaire reste forte au sein de la population bretonne, 57% des sondés se déclarent «autant bretons que français». Un peu plus d'un tiers (34%) souhaiteraient que le conseil régional soit doté de pouvoirs fiscaux et législatifs, mais 44% des Bretons se déclarent satisfaits de la situation actuelle de la décentralisation. Sondage effectué par téléphone du 26 juin au 7 juillet 2001 auprès 1.007 adultes de plus de 16 ans résidants en Bretagne, selon la méthode des quotas. Projet d'arrêté sur les langues régionales: PARIS, 15 mars 2002- Le conseil supérieur
de l'éducation (CSE) a voté jeudi soir par dix voix
pour et dix voix contre, un nouveau projet d'arrêté
sur les langues régionales, destiné à favoriser
l'intégration des écoles bretonnes Diwan au service
public, a-t-on appris auprès du ministère vendredi. Projet d'arrêté voté par le
CSE: BREST, 20 mars 2002-Le président
des écoles bretonnes Diwan, Andrew Lincoln, a estimé
mercredi à Brest que le vote de syndicats d'enseignants au
sein du conseil supérieur de l'éducation (CSE) en
faveur d'un nouveau projet d'arrêté sur les langues
régionales, est «un soutien considérable»
pour l'intégration de Diwan au secteur public. Ecoles Diwan: le Conseil d'Etat PARIS, 12 juillet 2002- Le Conseil d'Etat
a examiné vendredi en référé un nouveau
recours déposé par des associations d'enseignants
et de parents d'élèves demandant la suspension du
nouvel arrêté sur les langues régionales établi
par le ministère de l'Education nationale au mois d'avril. l
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